L’acquisition de l’usine Vallière par la Famille Le Gall
Jean-Marie Vallière des Filières, négociant en pommes de terre à Pont-l’Abbé, construit une conserverie près de la cale de Loctudy, à l’emplacement de son ancien entrepôt de ce même féculent. Loctudy est alors un port de commerce prospère : les charrettes de pommes de terre se bousculent pour approvisionner les cargos.
En 1909, la conserverie vivote. Une grève de quelques jours éclate : les ouvrières obtiennent d’être payées à l’heure et non au mille de sardines. L’année suivante, l’usine Vallière manque d’être saisie. Les Vallière échappent de peu à la banqueroute. En 1916, Jean-Marie Vallière des Filières décède. Sa famille met en vente la conserverie mais la guerre sévit depuis déjà deux ans : l’usine n’attire pas beaucoup d’acheteurs. Un acheteur finit par se présenter, Alexis Le Gall, mais c’est encore la guerre et la vente est retardée.
En 1917, Alexis Le Gall attend d’être démobilisé afin de conclure l’acte de vente avec la famille de Vallière des Filières. C’est un père de famille de 37 ans. Il appartient à une grande famille de mareyeurs et conserveurs, originaires de Douarnenez. Avant la guerre, il était gérant de l’usine familiale. Son épouse, Alice Bouville, est parisienne. Son père est lui aussi dans le commerce de poisson : il est mandataire aux Halles de Paris.
La modernisation de l’usine
Alexis est enfin démobilisé en 1919. La vente est conclue ! Alexis Le Gall et sa famille relancent l’activité de la conserverie sans plus attendre. L’enseigne est changée : voici désormais « la conserverie Le Gall ». Elle produit les mêmes marques qu’à Douarnenez : l’Hermine, les Druides et Félix Fort. La famille Le Gall emménage dans la villa.
Dès son arrivée, Alexis Le Gall modernise l’usine tous azimuts : il construit un bâtiment, achète des entrepôts voisins. Il investit dans des moteurs et des sertisseuses. Il installe aussi l’électricité et le téléphone. La conserverie Le Gall est une affaire de famille. Le père Bouville aide beaucoup ses enfants dans leurs entreprises. Alexis Le Gall s’associe avec le jeune frère d’Alice, Louis Bouville, conserveur à Malakoff, en région parisienne. Madame Le Gall achète le poisson aux pêcheurs de Loctudy ou aux mareyeurs de la famille, au Guilvinec. Leur fille Henriette se charge maintenant de la comptabilité de la conserverie. Elle vient d’obtenir son CAP. C’est un diplôme important à l’époque.
La fin d’une ère
Pour faire face aux difficultés des conserveries dans les années 30, les Le Gall investissent dans la vente de poisson frais et ouvrent une poissonnerie à Quimper. Ils pensent ainsi assurer l’avenir de leur fils Alexis. À Loctudy, la conserverie est à l’arrêt pendant 2 ans.
Entre 1939 et 1945, la conserverie tourne au ralenti, avec très peu d’ouvrières. Alexis Le Gall n’investit plus. L’usine reste dans son état d’avant-guerre, déjà vieillot. Le décalage se creuse entre la conserverie de Loctudy et les autres usines. En 1955, Alexis Le Gall n’est plus tout jeune, il a 75 ans. La saison de pêche est mauvaise : l’usine Le Gall n’ouvre pas cette année. Sans repreneur, la conserverie cesse définitivement son activité.
Mais la famille Le Gall continue son activité de mareyage et occupe la maison attenante à l’usine en compagnie de leur fille, Henriette. C’est en 1961 qu’Alexis et Alice Le Gall cessent leur activité de mareyeurs et prennent leur retraite.
Henriette Le Gall décède en 1987. La maison attenante à l’usine n’est désormais plus occupée.